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PARTIE I

     I.1. Cadre théorique- Cycle 1 - Apprentissages premiers

     Avant toute considération, il est nécessaire de se référer à la liste des pré-requis et attendues en maternelle et en élémentaire. Le Bulletin Officiel (1) de l’Education Nationale indique qu’à l'école maternelle, l'exploration des univers sonores s'inscrit dans la partie «Agir, s'exprimer, comprendre à travers les activités artistiques » des programmes.

     Les activités d'écoute et de production y sont abordées sous trois angles :
     - Jouer avec sa voix et acquérir un répertoire de comptines et de chansons
     - Explorer des instruments, utiliser les sonorités de son corps
     - Affiner son écoute
     Dans ces trois champs, l’Informatique Musicale peut intervenir.

 

     Afin de jouer avec sa voix et d’acquérir un répertoire de comptines et de chansons, les activités débutent par des comptines syllabiques simples et évoluent vers des chants un peu plus complexes, notamment sur le plan rythmique. Les élèves apprennent à chanter en chœur avec leurs pairs. L'enseignant prend garde à ne pas réunir un trop grand nombre d’élèves, afin de pouvoir travailler sur la précision du chant, de la mélodie, du rythme et des effets musicaux. Les élèves acquièrent ainsi un répertoire de comptines et de chansons adapté à leur âge, qui s'enrichit au cours de leur scolarité. L'enseignant le choisit en puisant, en fonction de ses objectifs, dans la tradition orale enfantine et dans le répertoire d'auteurs contemporains, voire régionaux. Dans un premier temps, sont privilégiées les comptines et les chants composés de phrases musicales courtes, à structure simple, adaptées aux possibilités vocales des élèves.

 

     Simultanément, les élèves explorent des instruments et utilisent les sonorités de leur corps, par des activités menant au plaisir de la découverte de sources sonores variées. Des activités d'exploration mobilisent les percussions corporelles, des objets divers parfois empruntés à la vie quotidienne ou des instruments de percussion. Elles permettent progressivement aux élèves de maîtriser leurs gestes, afin d'en contrôler les effets. L'utilisation comparée d'instruments simples conduit les élèves à apprécier les effets produits de manière à regrouper les instruments dans des familles : ceux que l'on frappe, que l'on secoue, que l'on frotte, dans lesquels on souffle...


     Enfin, des activités d'écoute visant prioritairement à développer la sensibilité, la discrimination et la mémoire auditive, mènent les élèves à affiner leur écoute. Elles posent aussi les bases de premières références culturelles et favorisent le développement de l'imaginaire. Elles sont constitutives des séances consacrées au chant et aux productions sonores avec des instruments. Les activités d'écoute peuvent faire l'objet de temps spécifiques ritualisés, évolutifs dans leur durée, au cours desquels les élèves découvrent des environnements sonores et des extraits d'œuvres musicales appartenant à différents styles, cultures et époques, choisies par l'enseignant. L'enseignant privilégie dans un premier temps des extraits caractérisés par des contrastes forts (intensité sonore forte ou faible, tempo lent/rapide, sons graves/aigus, timbres de voix ou d'instruments…), pour ensuite travailler à partir d'œuvres dont les contrastes sont moins marqués. Les consignes qu'il donne orientent l'attention des élèves de façon à ce qu'ils apprennent à écouter de plus en plus finement.

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    I. 2. Pratique en Ecole Maternelle

    I. 2. 1. Petite section

     Au cycle 1, la pratique de l’Informatique Musicale est avant tout à considérer comme un outil d’initiation sensorielle. Les élèves n’ont pas encore développé la motricité fine et la concentration nécessaires à une pratique autonome.

     Les élèves de la petite section sont amenés à la pratique quotidienne de la musique de manière progressive et suivant une programmation pédagogique annuelle. Cependant, tous les établissements scolaires ne possèdent pas le matériel musical suffisant. Les stocks sont généralement constitués d’un métallophone, d’une malle de percussions et parfois d’un clavier électronique sommaire.  Le contenu de l’unique mallette de percussions disponible est souvent disséminé entre toutes les classes, ce qui favorise la perte d’instruments. Par ailleurs, les stocks de livres-audio, de cassettes et de compact-disques sont souvent en aussi mauvais état que les postes et lecteurs destinés à les accueillir.

     Ainsi, dans un contexte de manque de moyens, l’utilisation de l’Informatique Musicale est une alternative. En effet, si les établissements ne sont pas dotés de moyens adéquats, chaque enseignant peut apporter le matériel nécessaire à sa pratique : un téléphone ou une tablette. Les élèves de petite section n’ayant pas encore la dextérité et la concentration nécessaires pour expérimenter de façon autonome, l’Informatique Musicale est ici avant tout un outil d’initiation sensorielle auditive et motrice.


     Avec les tout petits, jouer avec sa voix et acquérir un répertoire de comptines et de chansons peut s’avérer difficile. Chez des nombreux élèves, la conscience phonologique et une articulation correcte ne sont pas encore acquises. Entre autres pour leur aspect ritualisant et sécurisant, les comptines simples sont répétées quotidiennement lors des temps de regroupement ou de retour au calme. Disposer d’une librairie de contes et comptines sur son téléphone personnel ou sur une tablette est un substitut à l’emploi de matériel vétuste. L’enseignant peut alors avoir accès à un répertoire instantané et flexible, disponible à porté de clic sur son téléphone.


     Explorer des instruments et utiliser les sonorités de son corps, sont deux activités nécessitant motricité et mémorisation. Les élèves ne marqueront pas le temps, mais feront du « bruit » avec un bâton de pluie par exemple. Il ne s’agira pas de reconnaître tel ou tel instrument, mais plutôt les sons que l’on connaît : qui font peur, qui font rire, qui rassurent. 

     La constitution d’une banque de sons à l’aide des élèves peut être une première étape d’un travail en Informatique Musicale. Les comptines et chansons issues d’albums de littérature jeunesse sont axées sur une pédagogie de projet (les légumes, les poissons, le saisons...). Le professeur peut donc réaliser un sampler de sons issus de la ferme, du milieu aquatique, du zoo… Des dictées de sons seront réalisées en classe, avec pour consigne : reconnaître à quel thème appartient tel ou tel sample. 

 

     L’utilisation de l’Informatique Musicale en petite section peut également être pertinente pour associer des sons à des couleurs sur une tablette ou pour relier un tapis d’éveil. Dans un tel contexte, l’Informatique Musicale représente un avantage pour les enseignants non-instrumentistes qui se trouvent décomplexés face à l’outil informatique. Elle représente de ce fait un avantage pour les élèves qui seront de fait mis en situation plus régulièrement et pourront interagir, différemment que lors des séances de percussions corporelles ou de chants collectifs. Cette souplesse encouragera les professeurs à pratiquer plus fréquemment et de façon moins pesante la récitation de comptines, la préparation de chants collectifs de Noël ou de Pâques, ainsi que les répétitions de danse pour la fête de l’école.

     Depuis plusieurs années, le Ministère de l’Education Nationale propose aux enseignants d’utiliser MusineKit (2). Ce logiciel gratuit dédié à la pratique de la musique et des arts sonores est reconnu d'intérêt pédagogique. Une nouvelle version s'ouvre aux images et à la vidéo pour une approche pédagogique transdisciplinaire. Cependant, comme nous le verrons, cette initiative louable se retrouve limitée dans son application, par des considérations logistiques et pragmatiques.

 

    I. 2. 2. Moyenne section et Grande section 

    I. 2. 2. a) Moyenne Section

     L'objectif de l'école maternelle est d'enrichir les possibilités de création et l'imaginaire musical, personnel et collectif des élèves, en les confrontant à la diversité des univers musicaux. Les activités d'écoute et de production sont interdépendantes et participent d'une même dynamique. Après une année permettant l’adaptation à la vie en groupe et le respect des règles de l’école, les élèves mûrissent et sont davantage enclins à participer individuellement et collectivement aux phases de découverte du domaine musical.

     La discrimination auditive, complément à l’élaboration d’une conscience phonologique est le premier exercice auquel les élèves sont amenés. Ainsi, ayant pratiqué quotidiennement les comptines en petite section, ils disposent d'un répertoire conséquent de classiques. 

 

     Par les usages qu'ils font de leur voix, les enfants construisent les bases de leur future voix d'adulte, parlée et chantée. L'école maternelle propose des situations qui leur permettent progressivement d'en découvrir la richesse, les incitent à dépasser les usages courants en les engageant dans une exploration ludique (chuchotements, cris, respirations, bruits, imitations d'animaux ou d'éléments sonores de la vie quotidienne, jeux de hauteur...).

     Les premiers essais d’enregistrement de voix peuvent être réalisés sur un simple téléphone. Les élèves pourront alors s’écouter et observer la trace sonore qu’ils laissent dans le temps et la possibilité de la reproduire.


     En moyenne section, les élèves sont plus aptes à explorer des instruments et à utiliser les sonorités de leur corps. Ils commencent à nommer quelques instruments, répandus dans la culture populaire et les dessins animés : piano, trompette, tambour.

     A partir de l’interface d’une application telle que Garage Band (3) sur iPad, il est possible de reconstituer visuellement et acoustiquement un orchestre. En y connectant une surface de contrôle à l'ergonomie adaptée (Drum Pad (4) constitué de 4 à 6 pads carrés de 10x10cm), les élèves peuvent déclencher des sons seuls.

     Selon le niveau des élèves, affiner son écoute dépendra de la capacité de concentration. Avec suffisamment d’attention et d’entraînement, ils peuvent reconnaître la hauteur d’un son et l’associer à un animal : les sons graves de l’éléphant et les sons aigus du petit oiseau, tels que dans Le « Carnaval des Animaux », de Camille Saint-Saëns, datant de 1886. Des ouvrages tels que « Pierre et le Loup » (5), lu par Michel Galabru permettent d’associer un instrument à un personnage, et une lecture simultanée de la trame narrative et musicale.

 

    I. 2. 2. b) Grande Section

     En grande section, les élèves complètent le cahier de comptines qu’ils ont inauguré en petite section et qu’ils emporteront en élémentaire. Jouer avec sa voix et acquérir un répertoire de comptines et de chansons constitue une pratique quotidienne pour eux. Ils peuvent désormais chanter seul ou collectivement au moins une dizaine de comptines.

     Par ailleurs, leur coordination se développe et ils peuvent marquer le temps. Ce point sera exploité pour explorer des instruments et utiliser les sonorités de son corps. Des séances de percussions corporelles ou de dictée de rythmes sont possibles. Dans la continuité du travail initié en moyenne section, les élèves affineront leur écoute par l’utilisation d’applications telles que TC Performer (6), à partir de laquelle l’élève déplace son doigt sur l’écran de haut en bas, du grave vers l'aigu.

 

    I. 2. 3. Bilan, limites et ouverture

     Ainsi, comme nous l’avons détaillé, la pratique de l’Informatique Musicale est avant tout à considérer sous l’angle de l'initiation sensorielle en maternelle. Les élèves n’ont pas encore développé la motricité fine, ni la concentration nécessaire à une pratique autonome.

     La première limite rencontrée est d’aspect matériel. Les établissements étant sous la responsabilité des mairies, les moyens alloués sont fonction de la politique municipale. Des écoles telles que celles fréquentées dans cette étude ne disposent parfois pas d’un ordinateur pour un ensemble de deux cents élèves répartis en neuf classes. Certaines circonscriptions mettent parfois à disposition temporairement un parc de tablettes. Cependant, ce système ne permet souvent pas de mener une action pédagogique au long cours dans ce domaine précis. Cet aspect matériel constitue un premier frein à la pratique de l’Informatique Musicale au cycle des apprentissages premiers.

     Avec des moyens financiers dédiés, les élèves pourraient avoir accès à des outils plus élaborés et reconnus d’intérêt pédagogique, telle que la Méta Mallette (7), du dispositif Puce Muse du Centre de Création de Musique de la Villette. Depuis 2003, ce logiciel interactif permet de jouer et de créer de la musique tout en produisant des images en 3D, en relief et en temps réel. Il se joue seul et à plusieurs, via un ou plusieurs contrôleurs : joystick, gamepad, tablette graphique, interface MIDI, Kinect, etc., ainsi que sur le Méta-Instrument, interface et utilisée généralement lors de performances musicales.


     Par ailleurs, hormis la dotation en matériel, le manque de formation musicale de nombre d'enseignants constitue une seconde limite. Au contraire de pays comme le Japon, où la pratique du piano est un pré-requis à l’inscription au concours de professeur des écoles, aucune formation musicale n’est attendue ou dispensée aux enseignants français. Cette lacune constitue un frein à la pratique régulière des activités musicales et réside dans le sentiment largement répandus chez les enseignants, qu’ils ne maîtrisent pas eux-mêmes la pratique instrumentale, même simple et qu’ils n’ont pas reçu de formation musicale théorique, pratique ou historique. La pratique musicale est souvent réservée ou dédiée aux professeurs « passionnés ou connaisseurs ». L’Informatique Musicale est un outil simple d’accès pour des professeurs réticents à la formation musicale.

 

    I. 3. Pratique en Ecole Elémentaire

    I. 3. 1. Cycle 2 – CP, CE1, CE2 – Apprentissages fondamentaux

     Selon les programmes officiels de l’Education Nationale, quatre compétences sont travaillées au cycle dit « des Apprentissages Fondamentaux »:

          - Chanter

          - Écouter, comparer

          - Explorer et imaginer

          - Échanger, partager

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     Ainsi, au cycle 2, la pratique de l’Informatique Musicale est avant tout à considérer sous l’angle ludique. En effet, l’accès au Conservatoire et à la plupart des écoles musicales ne se fait pas avant six ans. L’aptitude et l’intérêt des élèves dépend à cet âge d’abord de sollicitations et stimulations de leur milieu familial.  

     De grandes disparités sont à observer au sein des groupes hétérogènes constituant toute classe. Certains élèves étant immergés depuis leur plus jeune âge dans un bain musical riche et divers lié à l’écoute, voire à la pratique instrumentale de leurs parents. D’autres n’ayant pas accès à une autre source que celle des radios généralistes écoutées à la maison.

     Concernant la motricité fine, nécessaire au jeu avec un instrument, le choix des outils se doit d’être adapté. Pour leur ergonomie et leur aspect intuitif, le choix s’est porté sur des applications simples pour tablettes concernant les maternelles et le logiciel Ableton Live (8) sur ordinateur portable pour l’élémentaire.

     Le programme annuel étant chargé en terme d’apprentissages fondamentaux liés à la lecture, à l’écriture et à la numération, les activités artistiques ne doivent pas constituer un poids pour les élèves, ni pour les enseignants. Ainsi, seront privilégiées les activités collectives autour de jeux de rapidité, de frappe du rythme, de répétition de phrases musicales.
     Des applications tels que Fonofone (9) sont adaptées aux exercices de ce cycle. Fonofone est une application de création sonore pour tablette iPad. Ludique, intuitive et unique, elle ouvre l'utilisateur au monde infini des sons à travers la découverte et le travail collectif. Pensée spécifiquement pour l'environnement scolaire, Fonofone a été conçue pour répondre aux trois exigences de l'enseignement de la musique du Ministère de l'Éducation : créer, interpréter et apprécier. 

 

    I. 3. 2. Cycle 3 - CM1, CM2, 6ème – Consolidation

     Au cycle dit « de Consolidation »,  ces compétences s'élargissent :
          - Chanter et interpréter 

          - Écouter, comparer et commenter

          - Explorer, imaginer et créer

          - Échanger, partager et argumenter

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     Au cycle 3, la pratique de l’Informatique Musicale est avant tout à considérer sous l’angle des premières productions d’écrits et sonores.

Ayant acquis une certaine maîtrise de la graphie, été initiés à la démarche d’investigation, développé une capacité à l’abstraction et à l’expression individuelle, les élèves du cycle 3 sont en capacité de réaliser leurs premières productions d’écrits : textes courts, poèmes, chansons, haïkus…

     Prémices au travail engagé au cycle 4, lors de la mise en place du dispositif de la « Fabrique Electro », une première phase d’écriture de texte peut être proposée, suivie de son enregistrement. Bien que partiellement autonomes, les élèves possèdent la motricité fine suffisante pour utiliser une tablette par petits groupes de 4 à 6, dans une organisation en ateliers semi-dirigés par le professeur. Une première séance d’enregistrement peut être proposée. 

     Les textes sont enregistrés à l’aide d’un micro et d’une interface audio-numérique. Ils sont ensuite édités. En connectant l’ordinateur à un vidéo-projecteur, les élèves peuvent jouer avec les enregistrements visuellement, même avec un seul ordinateur par classe. Leurs voix peuvent être inversées, passées dans des effets (delay, réverbération, chorus…), découpées et assemblées. Ils expérimentent ainsi les rudiments de la production musicale en informatique.

 

    I. 3. 3. Bilan, limites et ouverture

     Ainsi, les élèves de l’école élémentaire sont amenés progressivement à étoffer leur connaissance et pratique concrète. De moins en moins théorique, celles-ci connaissent un frein en raison du niveau de maturité physique et mentale des élèves. Les capacités de mémorisation et de dextérité nécessaires à la pratique instrumentale ne sont pas encore acquises, mais la manipulation de surfaces de contrôle est envisageable : claviers maîtres, contrôleurs MIDI, interfaces tactiles...

     Les écoles élémentaires, également sous la responsabilité des mairies, connaissant les mêmes contraintes de services que les maternelles. Que ce soit en terme de matériel ou de formation du corps enseignant. Le collège mènera progressivement les élèves vers davantage d’autonomie.

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http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?pid_bo=33400 

   http://eduscol.education.fr/cid104456/education-musicale-a-l-ecole-primaire.html

http://www.musinekit.org

https://www.apple.com/mac/garageband/

https://www.nordkeyboards.com/products/nord-drum-3p

5. Edition Didier Jeunesse, Collection Comtes et Opera,48 pages 3-8ans, 1995 

http://www.bitshapesoftware.com/instruments/tc-performer/

http://www.pucemuse.com

8 https://www.ableton.com

https://fonofone.org

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